mercredi, août 24, 2005

Le Brésil: scandales et une fin prématurée

Pour la deuxième fois mon ami Alain m'a envoyé un article du journal Le Devoir sur la situation du Brésil.

Le premier article s'appelle Scandales financiers au Brésil - Lula: tout compte .

L'article a été écrit par M. André Corten Membre du Groupe de recherche sur les imaginaires politiques en Amérique latine (GRIPAL), Université du Québec à Montréal, de retour d'un voyage de recherche sur le terrain au Brésil.

Voici quelques extraits du premier article:

Tout commence le 18 mai, mais l'affaire éclate vraiment le 8 juin. Enfin, tout récemment, le 21 juillet, sont rendus publics des relevés bancaires accablants.

...toutes les chaînes de télévision offrent depuis deux mois aux téléspectateurs brésiliens (y compris dans les favelas) le même défilé d'hommes politiques, de fonctionnaires et d'agents publicitaires...

Pour sa part, le président Lula essaie de se distancer des parlementaires...

...La première mesure spectaculaire a été de renvoyer sur les bancs du Congrès le chef de la Maison civile jouant le rôle de premier ministre et de coordonnateur politique...

Après deux ans et demi de mandat, les déçus de la grande espérance engendrée par la victoire de Luiz Inácio Lula da Silva en novembre 2002 se taisent.

L'objectif de doublement du salaire minimum n'est pas atteint, ni celui de la création de dix millions d'emplois. Le salaire minimum vient d'être fixé à 300 réais, ce qui représente un accroissement, en termes réels, de 35 % par rapport à l'année 2002. Mais que faire avec 300 réais lorsqu'un loyer en quartier très populaire est de 200 réais ?


Dans ce chenal imposé par les oeillères de dirigeants imbus de modernité, le paquebot Brésil semblait néanmoins avancer. Deux moteurs le permettaient. Le premier est la politique nationaliste et tiers-mondiste du Brésil conduite non sans panache. Le second est le discours de Lula traduisant dans des formules inédites, en mobilisant les émotions et le quotidien, la tension constante entre l'imaginaire institué de la mondialisation et les imaginaires instituants.



À gauche s'organise maintenant une défense de Lula. Défense populiste ? Le terme de «chaviste» commence à circuler. Le Mouvement sans terre (MST) -- du moins son leader, Joâo Pedro Stédile -- et la CUT (devenue pour certains un véritable syndicat d'État) ont pris la défense de Lula, espérant ainsi contrer, avec la mobilisation des mouvements sociaux, l'aile conservatrice du PT.


Le deuxième article est aussi intéressant: Brésil une fin prématurée? , de François Brousseau, néanmoins, cet article est réservé aux lecteurs abonnés. Pour cette raison mon ami Alain m'a envoyé l'article complet scanné.

Voici l'article .

Atualisation: Alain, Maurice et l'autres amis m'ont écrit pour m'avertir que le lien ne fonctionne pas.
Voici l'article du M. François Brousseau:

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Chère Elyene,

Le dernier lien nous dit:"Infelizmente, esta página não está disponível no momento. Por favor, tente novamente".

Voyant les événements de loin (ou de haut), c'est-à-dire sans être affecté personnellement comme peut l'être un Brésilien, il est bien entendu qu'on analyse la situation comme s'il s'agissait d'une partie d'échecs ou comme si on survolait un champ de bataille en avion.

Je comprends la déception de beaucoup de Brésiliens, que je partage tout en essayant de demeurer lucide. Lula n'a pas été élu sur une autre planète mais au Brésil d'aujourd'hui selon le système existant qui est un héritage du passé. Il s'est engagé à le changer, mais l'électorat ne lui en a pas donné les moyens en élisant moins de 20 % des députés et des sénateurs de son parti. Il est dans une camisole de force.

Ce qui est encourageant, c'est le vaste mouvement populaire de solidarité qui a conduit au succès relatif de Lula et du PT. C'est cette solidarité qui est essentielle, même s'il devait y avoir un échec électoral de Lula et de son parti. Les élus sauront, quels qu'ils soient, que les moeurs politiques d'autrefois sont périmées parce que les forces vives de la nation exigent sur le plan de l'éthique un progrès qui est essentiel au progrès économique et social du pays.

Le scandale actuel, au lieu de décourager ceux qui oeuvrent pour le progrès, doit au contraire être saisi comme une occasion privilégiée de procéder à des réformes importantes, à une "révolution pacifique" qui permette à la classe politique de poursuivre librement ses idéaux, c'est-à-dire plus détachée des forces de l'ombre qui la dominent encore trop.

Les Brésiliens ne sont déçus que dans la mesure où ils ont cru en des changements rapides et importants sans tenir compte de la réalité. Il se regardent et se trouvent sales alors qu'ils ont démontré leur volonté de se laver. Ils viennent de s'ouvrir les yeux, et ce ne sera pas la première fois dans l'histoire qu'une épreuve, un choc, conduira à plus de lucidité, plus de maturité. Ce n'est pas la faute qu'il faut regarder mais la volonté de prendre les moyens pour ne pas la répéter.

L'avenir est du côté de la solidarité, du développement de ces centaines, de ces milliers de mouvements porteurs de conscience et de progrès. Il faut faire reculer les forces occultes qui freinent le développement du pays et, en la matière, tout gain est important, si petit soit-il. Il n'y a pas de petites victoires. Quand tout homme politique en viendra à penser que telle ou telle manoeuvre malhonnête est impensable parce qu'elle est politiquement désastreuse, il l'évitera. Mais il faut savoir donner du temps au temps.

Après le choc, je vous souhaite de vous ressaisir. Vous êtes bien partis, un souffle de renouveau anime le pays depuis plus de vingt ans déjà, il doit s'amplifier.

Au revoir et bonne chance.

Alain Brabant